Des milliers de variétés de tomates, de blés, de fourmis cohabitent toujours sur terre, tandis que nous autres, hommes modernes, sommes les héritiers solitaires d’une famille disparue. La vie aime la diversité, la luxuriance, mais voilà que par les mystères de l’évolution nous nous retrouvons seuls à représenter le genre Homo. Est-ce une raison pour oublier, mépriser ce tronc commun et cet arbre dont nous ne sommes qu’un rameau ? L’exposition d’Elisabeth Daynès nous invite à regarder droit dans les yeux de nos ancêtres, à redécouvrir les aspects qu’a eu et qu’aurait pu toujours avoir une humanité plurielle, élargie, foisonnante.

Là où la science s’arrête, commence l’art de la paléoartiste : « Je sculpte des hypothèses ». Par son entremise, sur la base des connaissances les plus pointues, la chair est soudain de retour sur les crânes, et le passé le plus lointain nous regarde. Il n’est plus une relique poussiéreuse égarée sur une étagère de musée, mais apparaît dans la magie d’un hologramme, dans un cercle de famille où chacun paraît dans sa vérité d’écorché, jetant les fondations de ce concentré de pensée, de lumière et de désir que l’on appelle un visage.

Le visiteur découvre chacun des huit acteurs de notre évolution successivement sous forme de crâne, d’écorché (hologramme géant en relief illuminé) et de visage artistiquement reconstitué. « Le plus important, dans mes sculptures, c’est le regard », insiste E. Daynès. Deux figures de Homo sapiens – hommes anatomiquement modernes - entièrement recréés avec leurs parures contemplent avec nous cette plongée dans la chair de nos origines. L’exposition sera accueillie en première mondiale dans le cadre grandiose du Pôle international de la Préhistoire, espace culturel public et libre d’accès, consacré à la valorisation de la préhistoire.